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Travailler avec ses mains
Une conversation avec Véronique Azéma




Arbre


Retrouvez les créations de Véroniques Azéma sur son site internet De cimes en aiguilles : http://www.de-cimes-en-aiguilles.org/




[Me voici dans l'atelier (très cosy) de Véronique Azéma, dans la commune des Déserts en Savoie. Des pièces d'art textile d'Ouzbékistan sont posées sur les murs et nous entourent.]


JG : Merci de me recevoir dans votre grande maison qui est aussi votre atelier.

VA : Merci à vous de me rendre visite. Mon idée concernant cette maison est de la transformer prochainement en gîte d'accueil axé sur l'artisanat. Je pense convertir mon actuel atelier en salon et aménager la grande pièce du bas avec des tables, des chaises, des machines ; proposer aux gens de venir, d'être logés à la montagne et leur fournir la matière première nécessaire à la réalisation d'un plaid, qu'ils feront eux-mêmes. Du coup, je recherche actuellement un nouveau lieu de vie à proximité... Nous sommes maintenant une famille de 3, les 4 grands sont partis.

JG : Quand vous dîtes que les gens feront eux-mêmes leur plaid, en quoi cela consiste-t-il ?

VA : Il y a différentes étapes. Il peut y avoir une recherche informatique en amont pour créer des graphismes, donner une ambiance. Par exemple l'année dernière j'ai travaillé avec une personne qui voulait sur un plaid le dessin d'un drakkar. Nous avons donc trouvé des dessins de drakkar, sur des boucliers, que j'ai alors transformés en dessins vectoriels. Ces dessins sont envoyés à la brodeuse (une machine à coudre) qui réalise le dessin. Enfin il y a tout le travail manuel consistant à positionner les tissus, les fixer, les piquer, puis le montage final du plaid qui fait 150 x 150 cm minimum... Une personne que j'accompagne va mettre plusieurs jours à réaliser un plaid.

JG : Et vous, quelle est votre "cadence" ?

VA : C'est très variable. Il y a la conception et la réalisation. Côté conception, il y a des jours avec et des jours sans. Parfois je n'ai pas d'inspiration du tout et tout devient laborieux, et puis certains jours je suis très productive, avec des idées, des envies, et alors ça va très vite. Quant à la réalisation, je peux réaliser jusqu'à 2 plaids par jour. Mais tous mes plaids sont des pièces uniques, je ne fais jamais deux fois la même chose.



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JG : Quels sont les éléments qui vous inspirent ?

VA : La nature est un thème récurrent dans ce que je fais, le soleil, la montagne, l'arbre, les végétaux... il peut aussi y avoir du texte.

JG : Et quels artistes vous inspirent ?

VA : J'aime bien Klimt (L'arbre à spirales). Et puis j'ai été inspiré par une image liée au Petit Prince, l'image de la planète, on a une spirale et puis le tronc qui se dessine à partir de cette spirale. Klee aussi, et Kandinsky, même si c'est un peu plus froid. J'aime aussi beaucoup les photographies de Ludmilla RIDOIN, une photographe de La Féclaz qui voyage et à qui j'ai récemment acheté une photographie d'un arbre au Népal.
Enfin je pense que les artistes c'est une chose, mais que la vie ici suffit. Il m'est par exemple arrivé de réaliser des plaids juste en regardant par la fenêtre.

JG : Concrêtement, comment articulez-vous les deux aspects de votre travail, conception et réalisation ? Comment procédez-vous ?

VA : Parfois j'ai une idée en dormant et puis le matin je me lance. D'autres fois je pars d'un carré de tissu que je pose par terre, je le regarde, je marche autour, je fais un croquis à la craie, je l'efface, je positionne des laines différentes... En ce moment je peins, c'est à dire que j'utilise de la peinture que je pose sur le tissu. Je fais aussi du feutrage. C'est un mélange de techniques et aussi de matières premières. Je n'utilise que des matériaux naturels, bruts et puissants.

JG : Et l'ordinateur ?

VA : L'ordinateur va servir à créer les graphismes de broderie, graphismes qui seront brodés par la machine.

JG : Y a-t-il un lien entre votre travail et le domaine du patchwork ?

VA : Le patchwork est un autre monde, que je respecte même si je ne le maîtrise pas très bien. Il y a un côté carré, symétrique, répétitif.

JG : Certains dessins sur vos plaids sont juste esquissés, cela m'a fait penser au Japon...

VA : J'ai travaillé sur le thème du Japon, plus précisément sur les feuilles de ginkgo, cet arbre immémorial qui a une capacité de régénération impressionnante, de résistance à la pollution, qui est le premier à avoir repoussé, refleuri, juste après Hiroshima. Il fait des feuilles qui sont comme un coeur, c'est pourquoi on l'appelle ginkgo biloba, parce qu'il y a deux lobes. J'ai aussi monté des fichiers de broderie sur des calligraphies.
Mais j'ai surtout exploré le tibétain. J'ai appris le fonctionnement de la langue et je trouve que le graphisme de leur écriture est magnifique. C''est une culture montagnarde extrêmement importante.
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En fait, j'essaie de récupérer dans toutes les cultures montagnardes ce qui est fort, que ce soit dans la culture des Andes, de l'Himalaya, ou des Alpes, au niveau du graphisme comme des matières premières, l'alpaga, les soies recyclées... Une relation au climat qui est rude, un lien fort avec la nature, des saisons marquées (C'est pourquoi je vis ici d'ailleurs). J'arrive finalement à un mélange, si bien que quand on voit mes plaids, on sent l'aspect montagnard mais on ne sait pas vraiment d'où ça vient.

JG : S'agit-il de spiritualité ?

VA : Je dirais plutôt une philosophie. En fait j'ai énormément de mal à rentrer dans une religion, même si j'irais plus vers le Bouddhisme, une espèce de calme, de sérénité, de compassion.

JG : On trouve sur la page d'accueil de votre site l'expression "Prendre son temps", c'est important pour vous ?

VA : Oui, je suis quelqu'un de très dynamique, comme un ressort, toujours en train de sautiller partout, mais j'ai dans ma vie comme une sorte de grand calme intérieur. Si bien que j'ai une relation très saine avec le travail. J'ai su gérer d'abord mes priorités et mes priorités ça a été d'abord d'être la maman de 5 enfants. Le travail est toujours passé après.



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JG : Pouvons-nous revenir à votre projet de créer un gîte axé sur l'artisanat ? Qu'est-ce qui motive ce projet ?

VA : J'aimerais donner aux autres la possibilité de "faire", car je pense que le fait de produire physiquement quelque chose avec ses mains est profondément sain. Quand la tête tourne, la seule chose qui permet d'arrêter ces idées qui partent dans tous les sens, c'est de faire marcher les mains, c'est de mettre de la concentration dans les mains. Quand les mains sont parties à fabriquer, le cerveau se calme, suit le mouvement des mains.

JG : Vous avez fait une série "Gipsy". On retrouve l'inspiration provenant de diverses cultures...

VA : C'est une manière de voyager à travers mes créations.

JG : Vous avez voyagé, concrêtement cette fois, au Québec je crois...

VA : Nous avons fait une visite à ma fille qui y est étudiante. J'y ai vécu une très belle expérience de décoration d'un gîte, en prenant de vieilles fenêtres datant des premiers colons et en y brodant à l'aide de moustiquaires des écorces de bouleau. Le bouleau fait partie du quotidien au Québec. Et suivant l'épaisseur de l'écorce, on peut avoir des lumières différentes, tamisées, roses, jaunes...

JG : Nous arrivons à la fin de cet entretien, comment envisagez-vous votre futur ?

VA : J'ai bien l'intention de rester dans ce domaine de création..., et d'ouvrir ce domaine à d'autres.

JG : Dernière question, y a-t-il des films, des livres ou des oeuvres qui vous ont plu dernièrement ou de manière générale ?

VA : Un film qui m'a énormément plu, c'est la Belle verte, de Coline Serreau.

JG : J'ai aussi beaucoup aimé ce film. Avez-vous vu "Solutions locales pour un désordre global", aussi de Coline Serreau ?

VA : Oui. Mais je trouve qu'il y a pas mal de choses qui sont sorties après ce film là et qui sont moins alarmistes, notamment sur les porteurs de projets et les porteurs de rêves. Comme le film "Demain", par exemple, qui il me semble apporte plus d'espoir.



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JG : Merci pour cette passionnante conversation.






Véronique Azéma nous montre le fonctionnement d'une
brodeuse vectorielle :


Une version ouzbek de l'arbre à spirales de Gustav Klimt :


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Bande Annonce du film "La belle verte", de Coline Serreau :



Bande Annonce du film "Demain", de Cyril Dion et Mélanie Laurent :



Je remercie Véronique Azéma pour m'avoir autorisé à publier dans cet article quelques photos de ses plaids.

Retrouvez les créations de Véroniques Azéma sur son site internet De cimes en aiguilles : http://www.de-cimes-en-aiguilles.org/




Julien Guerraz



www.mneseek.fr (partage de liens internet culturels)









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