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L’Histoire de l’Ordre des Chartreux






L’Ordre des Chartreux est un ordre monastique apparu au Moyen-âge dans le massif montagneux de « la Chartreuse », situé entre Grenoble et Chambéry. Le plus grand monastère de cet ordre religieux, appelé « La Grande Chartreuse », s’étend sur plus de 1700 hectares, dont il est possible de visiter le musée, seul accès autorisé aux visiteurs.




Monastère de la Grande-Chartreuse (Avant 1835), Alexandre Debelle



Cette façon de vivre reculé du monde pour servir Dieu s’est très largement répandu en Europe, entre le XIIIème et le XIVème siècle, et existe encore de nos jours.



L’apparition de l’Ordre à l’époque médiévale



L’ordre des Chartreux a été fondé par Saint Bruno en 1084 ; c’est l’un des plus anciens ordres monastiques de la religion chrétienne. Bruno était un professeur très réputé qui a décidé de suivre sa propre voie religieuse et servir Dieu en tant qu’ermite.




Saint Bruno en prière dans le désert (1638), Nicolas Mignard



Accompagné de six partenaires, quatre ecclésiastiques et deux laïcs, il se rend à Grenoble à la rencontre de l’évêque Hugues, qui lui évoque un songe dans lequel Dieu lui aurait parlé et indiqué un lieu de providence dans la montagne de la « Chartreuse », pratiquement inhabitée. L’évêque emmène les compagnons jusqu’au site et Saint Bruno y voit un endroit propice pour l’adoration du Seigneur. Est installée alors sur le massif la source de l’ordre cartusien la maison-mère appelée « La Grande Chartreuse ».




Plan de la Grande-Chartreuse (1791)



Alors qu’il pensait pouvoir vivre retiré, Bruno fut appelé par un ancien disciple, devenu le pape Urbain II, afin de devenir son conseiller. Il ne restera pas à la capitale bien longtemps et finira ses jours en Calabre. Le monastère de la Grande Chartreuse restera inoccupé jusqu’au retour des moines de l’Ordre à la fin du XIè siècle. La naissance canonique de l’Ordre des Chartreux est apparue plus tard, en 1140 sous le priorat de Saint Anthelme. La devise de l’Ordre arrivera bien après sa création : du latin « STAT CRUX DUM VOLVITUR ORBIS », cela signifie « La Croix demeure tandis que le monde tourne », mais cette dernière n’est pas considérée comme officielle. Concernant son emblème, il est représenté depuis le XIIIè siècle par un globe surmonté d’une croix entourée de sept étoiles, celles-ci représentant Saint Bruno avec ses six confrères.




Emblème de l'ordre des Chartreux



L’expansion des monastères au Moyen-âge



À la suite de la volonté religieuse de Saint Bruno, de nombreux ermitages seront implantés dans le Royaume de France et à travers toute l’Europe. Malgré un développement tardif et un monachisme affaibli au XIVè siècle, l’Ordre va cependant avoir une influence importante dans la Chrétienté. Au XIIIè siècle, il existe 46 monastères, et au siècle suivant, plus de 100 chartreuses seront en activité en France. En 1371, on dénombre plus de 150 maisons couvrant tout le continent. L'Ordre des Chartreux atteindra son apogée lors de la Réforme protestante, avec 2 300 Pères et 1 500 Frères, même si certains monastères fermeront en Allemagne, Hollande ou en Angleterre ; à la fin du XVIIIè siècle, ils étaient quelques 2 200 Pères et 1 250 Frères. On comptera plus de 200 chartreuses dans le monde entier au début du XVIè siècle. L’Ordre des Chartreux se différencie des autres, car la vie monastique est accompagnée d’une solitude et d’une pauvreté absolues.

Cette expansion européenne de l’Ordre cartusien a permis l’édification de monuments historiques grandioses, notamment en Italie, comme le monastère de Pavie, datant du XIVè siècle, en style gothique tardif, qui est occupé par des moines cisterciens depuis les années 1960 :




Vue du monastère de Pavie



Il en va de même pour le site de Padula, qui est l’un des plus grands monastères en Europe, et a été construit en 1306 par Tommaso Sanseverino et occupé jusqu’aux conquêtes de l’empereur Napoléon Ier en 1807, les moines étant alors obligés d’abandonner leur ordre religieux.




Vue du monastère de Padula



À la veille de la Révolution française en 1789, 1 144 moines résidaient encore dans les chartreuses, dont une centaine de femmes, étendus dans 68 monastères sur le territoire. La majorité des maisons de l’Ordre fermeront entre 1791 et 1792 et seront vendues en guise de bien national.



La vie des moines Chartreux



Saint Bruno n’avait pas défini de règles spécifiques concernant l’Ordre des Chartreux, son dévouement à Dieu et son ermitage se caractérisaient sous forme de « coutumes », qui se répandaient dans chaque monastère. Ce sera le cinquième prieur de l’Ordre, Guigues II , qui les formulera à l’écrit en 1125.
Chaque chartreuse est régie par un Prieur (ou Père) qui dirige au maximum douze moines. Ces derniers vivent exclusivement dans une « cellule » individuelle composée d’un atelier et d’un lieu de prière ; voir la simplicité de cette petite maisonnette illustrée dans cette photographie prise à Molsheim en France.




Une cellule, Chartreuse de Molsheim





Le quotidien des moines de l’Ordre des Chartreux s’articule autour de la solitude et du silence : ils prient continuellement, travaillent de façon humble et se suffisent dans la pauvreté. Il n’existe que deux moments où les chartreux se retrouvent en communauté : lors de prières liturgiques et aux repas dominicaux. L’organisation des bâtiments diverge de ceux des autres Ordres monastiques, pour mettre en avant cette idée de mutisme, les religieux vouant leur existence exclusivement à Dieu.

Au XVIIè siècle, certains artistes peignaient des vues aériennes des monastères non seulement pour des raisons artistiques, mais aussi pour permettre au Prieur d’avoir un point de vue global sur la totalité du site qu’il a à sa charge. Ces tableaux, appelés « cartes », au nombre de neuf, sont actuellement exposés au Musée de la Correrie de Saint-Pierre de Chartreuse, illustrant les sites présents en Isère et en Savoie, et montrent ainsi l’imagination époustouflante de ces peintres qui ont dessiné l’édifice dans son environnement.

Les chartreux s’habillent, de manière générale, très simplement : ils portent une robe de drap blanc, serrée avec une ceinture en cuir et un scapulaire comportant une capuche, appelé « cuculle ». Lorsqu’ils sont à l’extérieur des monastères, ils portent une chape noire avec un capuchon pointu ; sur le haut de leur crâne se trouve la fameuse tonsure propre aux moines.




L'habit des chartreux



Le secret de la liqueur des moines de la Chartreuse



C’est en 1605 que le Maréchal d’Estrées transmet aux occupants du monastère de Vauvert un manuscrit où est inscrite la formule d’un élixir dit « de longue vie », composée de plantes médicinales que seuls les moines ou apothicaires connaissaient.
Mais la recette s’avère très compliquée et ce n’est qu’en 1737 à la Grande Chartreuse à Grenoble que le Frère Jérôme Maubec en fera une étude approfondie et parviendra à créer « l’Élixir Végétal de la Grande Chartreuse ».
À l’éclatement des monastères à la Révolution française, une copie du manuscrit est gardée par un religieux, l’original en sécurité à la maison-mère. Pensant à la fin de l’Ordre, la copie se retrouvera dans les mains d’un pharmacien de Grenoble, Monsieur Liotard, qui n’arrivera jamais à en produire. À sa mort, le document retournera au Monastère de la Grande Chartreuse, en 1816.
Au XIXè siècle, de nouvelles liqueurs feront leur apparition comme la « Mélisse » ou la « Chartreuse Jaune » et au début du siècle suivant, les moines de l’Ordre cartusien exclus de France iront s’installer à Tarragone en Espagne et continueront à produire une liqueur, qui portera le même nom que la ville.
Après la fermeture de la société de la « Compagnie Fermière de la Grande Chartreuse » en 1929 en France, les moines de retour au pays, retrouveront leur appellation « Chartreuse » , mais leur distillerie sera malheureusement détruite par un éboulement de terrain.




Illustration - Grande Chartreuse (1934)



La production se déplacera à Voiron jusqu’à la fin de l’année 2017. Depuis, la fabrication est assurée à Entre-Deux-Guiers, supervisée par deux moines travaillant dans le plus grand secret afin de conserver le mystère qui existe depuis toujours sur cette liqueur. Les caves de la Chartreuse peuvent également se visiter, afin de découvrir et déguster cet élixir de vie.



L’Ordre des Chartreux aujourd’hui



Au début du XXè siècle, les lois d’Émile Combes obligent les moines de l’Ordre établis en France à quitter le pays. Ceux-ci ne purent revenir qu’une trentaine d’années après. En 1971 furent promulgués les « Statut rénovés de l’Ordre cartusien » à la suite du concile Vatican II. À ce jour, il existe 24 monastères qui préservent les idéaux de Saint Bruno : l’accomplissement dans la quête universelle, à la recherche de vérité et d’équilibre intérieur. Sur la totalité des maisons restantes dans le monde, 19 d’entre elles sont composées de 370 moines : trois en France et en Espagne, deux en Italie, une en Suisse, au Portugal, en Allemagne, en Angleterre, en Slovénie, aux États-Unis, au Brésil, en Argentine, en Corée du Sud. Les 5 restantes sont tenues par 75 moniales : deux en France et une en Italie, en Espagne et en Corée du Sud.
Le monastère de Saint Pierre de Chartreuse est toujours en activité et borde le vallon de Saint Bruno, les moines respectant le silence et l’ermitage qui régentent l’Ordre depuis l’époque médiévale.





Saint Pierre de Chartreuse (2016)



L’Ordre des Chartreux existe donc encore de nos jours, un site officiel du site de La Grande Chartreuse a été créé, mettant en avant cette volonté de se consacrer à Dieu en refusant tout accueil extérieur. Il n’est donc pas possible de visiter le monastère en lui-même ; les moines évitent au maximum les contacts avec les médias et s’autorisent une sortie communautaire toutes les semaines. Le Ministre Général des Chartreux (au Moyen-âge, il aurait eu le titre de Prieur) depuis 2014 est Dysmas de Lassus .






Louise






www.mneseek.fr (partage de liens internet culturels)




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1 commentaire



papierblanc11-09-2023

Je possède une gravure ancienne MAISON DE LA GRANDE CHARTREUSE que je ne retrouve nulle part ailleurs. Seriez-vous curieux de la connaître et si tel est le cas, pouvez-vous me communiquer une adresse-courriel à laquelle je pourrai vous en envoyer une reproduction.
En attendant réponse, cordiales salutations. Jean-Pierre Blanc.


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